Patron Stellantis : qui est à la tête de ce groupe automobile ?

28 janvier 2024. Antonio Filosa prend les commandes de Stellantis, remplaçant Carlos Tavares, à l’issue d’un conseil d’administration exceptionnel. L’annonce s’inscrit dans un moment charnière, alors que les investisseurs poussent à la manœuvre et que les exigences environnementales montent en flèche.

Filosa, jusqu’alors à la tête des opérations en Amérique latine, vient bousculer la routine des promotions européennes. Avec lui, le mode de rémunération se réinvente, rompant avec les pratiques de son prédécesseur. Ce virage ouvre une ère inédite pour la gouvernance du groupe.

Antonio Filosa, un nouveau visage à la tête de Stellantis

En janvier 2024, Antonio Filosa endosse le rôle de patron de Stellantis et incarne la nouvelle direction pour le groupe automobile. À 48 ans, cet ingénieur originaire de Naples, formé sur les bancs de la Federico II, a construit sa trajectoire au fil des mutations de l’industrie. Son ascension, jalonnée de postes clés chez Fiat puis Fiat Chrysler, l’a mené à piloter l’activité en Amérique latine, région stratégique pour le géant automobile.

Le conseil d’administration, dirigé par John Elkann, mise sur Filosa pour conjuguer rentabilité et innovation dans un secteur qui se transforme à grande vitesse. Derrière cette nomination, une volonté claire : amorcer un renouvellement. Contrairement à Carlos Tavares, l’homme de la fusion PSA-FCA, Filosa affiche une solide expérience sur les marchés émergents et une approche pragmatique des défis industriels. Ce choix, validé par les instances dirigeantes, déplace le centre de gravité du groupe, traditionnellement ancré sur l’Europe.

Sous la supervision attentive de John Elkann, Filosa hérite d’une feuille de route exigeante : poursuivre la rationalisation des coûts, accélérer la transition vers l’électrique, maintenir la rentabilité. Avec un portefeuille de marques aussi vaste que Peugeot, Citroën, Chrysler ou Opel, il devra fédérer les équipes et insuffler un nouvel élan d’innovation, sans tomber dans le piège d’une croissance artificielle.

Quel parcours pour accéder à la direction du groupe automobile ?

La route jusqu’à la direction d’un groupe automobile mondial comme Stellantis n’a rien d’un parcours balisé. Antonio Filosa le prouve. Diplômé de Naples, il rejoint Fiat à la fin des années 1990 et fait ses armes dans l’industrie, au plus près des lignes de production et des équipes techniques. À chaque étape, il consolide son expertise, en s’attaquant de front aux défis logistiques et industriels.

La fusion entre Fiat Chrysler et PSA change la donne. Responsable de l’Amérique latine, Filosa se distingue par sa capacité à piloter des transformations profondes. Aujourd’hui, les critères de sélection d’un directeur chez Stellantis privilégient l’expérience terrain, la compréhension fine des marchés émergents et l’ouverture internationale. Les profils venus des grandes écoles françaises ou des familles fondatrices ne monopolisent plus les postes clés.

Voici les points sur lesquels s’appuient désormais les parcours de dirigeants de ce calibre :

  • Expérience opérationnelle au sein des différentes filiales (Peugeot, Citroën, Opel…)
  • Maîtrise des enjeux financiers et adaptation rapide aux cycles économiques
  • Capacité à rassembler des équipes multiculturelles à travers le monde

L’exigence ne s’arrête pas là. Filosa doit composer avec les attentes du conseil d’administration mené par John Elkann, tout en restant attentif aux signaux envoyés par les marchés. La diversité des marques, de Peugeot à Chrysler, impose une compréhension pointue de chaque entité et une réactivité à toute épreuve. À ce niveau de responsabilité, endurance et sens politique sont de rigueur.

Changements de gouvernance : motivations, rémunérations et culture d’entreprise en mutation

Sous la direction de John Elkann, le conseil d’administration de Stellantis a enclenché une transformation de sa gouvernance. L’arrivée d’Antonio Filosa marque le début d’une nouvelle phase, après l’ère Tavares. Les discussions enflammées sur la rémunération du dirigeant sortant ont laissé des traces : le salaire de Carlos Tavares, dépassant parfois 20 millions d’euros, a fait grincer des dents, tant à l’interne qu’auprès des actionnaires.

Le conseil, désormais, souhaite arrimer la rémunération du patron aux performances et à la transition écologique. Les règles bougent : les primes dépendent non seulement des résultats financiers mais aussi de la réduction de l’empreinte carbone et de la satisfaction des partenaires. Le package de Filosa traduit cette évolution. Plus de clarté, moins de zones d’ombre.

La culture d’entreprise, héritée de la rencontre entre PSA et Fiat Chrysler, se transforme elle aussi. La centralisation d’antan laisse place à une gouvernance plus horizontale. La diversité des marques pousse à associer les cadres locaux aux grandes décisions. Le débat sur les rémunérations, le pouvoir et la manière de trancher les sujets stratégiques illustre cette quête d’un nouveau point d’équilibre, entre l’héritage industriel et les exigences contemporaines.

Femme professionnelle devant une voiture lors d

Quelles répercussions pour Stellantis et l’industrie automobile face aux défis environnementaux ?

Stellantis fait face à une transformation de fond. Poussée par la Commission européenne, l’entreprise doit accélérer la décarbonation de ses véhicules. Les attentes sont claires : électrifier la gamme, repenser les chaînes de production, limiter l’impact du transport sur le climat. À Poissy, comme dans toutes les usines du groupe, un seul mot circule : adaptation.

La mutation touche toute l’industrie automobile européenne. Les normes et les changements d’habitudes forcent la main aux constructeurs historiques. Peugeot, Chrysler et les autres revoient leurs modèles. Les moteurs thermiques s’effacent au profit des batteries, les utilitaires se réinventent pour s’aligner sur les nouveaux standards.

Trois grandes priorités se dégagent pour le groupe :

  • Accélérer l’électrification de toutes les gammes, conformément aux exigences de la Commission européenne
  • Investir massivement dans la recherche, le développement et la filière batterie, avec une attention particulière portée à la France et à l’Europe
  • Réorganiser les sites historiques, comme celui de Poissy, pour préparer la bascule vers l’électrique

La concurrence avec Renault et les mastodontes asiatiques se fait plus intense. Chaque initiative de Stellantis est observée : saura-t-il maintenir l’emploi industriel tout en répondant à l’urgence écologique ? Trouver ce nouvel équilibre, c’est naviguer sur une ligne de crête, entre la réalité économique et la responsabilité environnementale. L’avenir du groupe et de l’industrie pourrait bien se jouer sur cette capacité d’adaptation permanente.

Toute l'actu